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Histoire de Petersbach

Situation géographie et archéologique

Petersbach est une commune rurale d’environ 670 habitants. Située en Alsace Bossue, au contact des Vosges du Nord et du Plateau Lorrain, Petersbach fait partie du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord. Le village est situé à 370 mètres d’altitude et fait partie des 25 communes les plus hautes du département du Bas-Rhin. Sa superficie est de 887 hectares dont 431 hectares de forêt domaniale. La localité est située sur la ligne de partage des eaux entre le bassin mosellan et le bassin rhénan.

Si Petersbach ne possède pas de monument historique inscrit ou classé, le village, plusieurs fois détruit et reconstruit, recèle encore de belles pierres, notamment des linteaux de portes gravés ou sculptés. En rase campagne on trouve une réplique d’un banc reposoir napoléonien en grès, (l’original fut construit en 1812) en direction de La Petite-Pierre, et un beau calvaire de 1885 en direction de Struth. Quelques bornes plus ou moins anciennes sont visibles sur les limites communales en bordure des forêts.

Au point de vue archéologique, il est très probable qu’une route romaine ait longé le village en venant de La Petite-Pierre, pour rejoindre à Asswiller la route de Tabernae (Saverne). Le pasteur et archéologue Jean RINGEL en poste à Diemeringen de 1853 à 1864, témoigna qu’il avait découvert près de Petersbach des vestiges qu’il interprétait comme un castrum romain. Il dressa un plan mais qui ne fut ni publié, ni conservé.

Première page de l'acte de vente de la commune de Petersbach par Karl Philipp de CROY à GEORGES-JEAN de Veldenz datant de 1586 et conservé aux archives de Munich.

De l’aube à la Révolution

S’il est possible que Petersbach existait déjà au 14e voire au 13e siècle, aucun document d’époque n’étaie cette hypothèse. Petersbach a appartenu avant 1586 à la seigneurie de Fénétrange, formant ainsi une enclave dans le comté de La Petite-Pierre. Le 1er juillet 1583, le comte Paul de SALM a vendu pour 80.000 francs en son nom et au nom de ses frères, une partie de son territoire comprenant le village de Petersbach, à Karl Philipp de CROY, marquis du Havre. Quelques années plus tard, le 24 juin 1586, Phillip de CROY a revendu Petersbach pour 10.000 guldens au comte George-Jean de VELDENZ plus connu sous le nom populaire de Jerry-Hans

La première mention du village apparaît sous la plume du juge de paix Jean HOFFMANN. Il notait en 1804 qu’il était en possession d’une vieille Bürger Ordnung (règlement du village) se trouvant dans les archives communales (ce document n’existe plus), datée de 1445 et comportant 36 noms correspondant sans doute à autant de familles. On suppose qu’au milieu du 15e siècle vivaient environ 200 personnes à Petersbach. Elles habitaient toutes au bas du village autour de la petite église catholique. Mais cette importante communauté allait très certainement être décimée au cours des siècles par la maladie et les nombreuses guerres.

Une notice retrouvée aux archives départementales décrivant les limites du ban communal sous le nom de Petersbach effectuée le 29 octobre 1540 confirme l’existence de notre village. En 1561, Petersbach est qualifié de village welsche (français) comme nous l’apprend un document concernant la seigneurie de la Petite-Pierre« Il est une forêt dénommée Kapschitt faisant partie du village welsche de Besersbach, appartenant au comte de SALM, où le comte de La Petite-Pierre a le droit de chasse ». En 1559 des huguenots protestants persécutés dans leur région (surtout en Lorraine) s’étaient établis à Petersbach. Une deuxième vague d’immigration eut lieu après la Guerre de Trente Ans.

Le règlement communal de Petersbach de l’année 1612 qui réglementait avec rigueur la vie de la communauté villageoise est le plus ancien document se trouvant dans les archives municipales. C’est un registre de 14 pages com­plètement défraîchi, torturé par l’usage avec des feuilles intérieures jaunies par l’âge, encrassées par des consultations répétées, texte écrit en lettres gothiques et dont la lecture de certains mots est devenue impos­sible. On sait qu’à l’époque les habitations étaient regroupées au bas du village et ce n’est qu’en 1620 que fut construite l’auberge dans le haut du village. Mais on peut raisonnablement penser que le village s’était développé depuis le rachat par le comte de La Petite-Pierre en 1586. Il n’était habité alors que par 4 familles.

Pendant les nombreuses guerres au cours du 17e siècle (dont la Guerre de Trente Ans 1618-1648) le village ainsi que les communes environnantes subirent de graves dommages et le règlement communal tomba dans l’oubli. C’est seulement vers la fin du 17e siècle quand le pays fut remis des troubles de la guerre et de la misère qui avait décimé les habitants, que des immigrants s’établirent dans la région. En 1707, on trouva nécessaire de remettre à jour le règlement communal de Petersbach et de le transcrire (toujours en écriture gothique) pour un deuxième exemplaire plus lisible. Si le document initial de 1612 comportait 33 points, plusieurs articles s’ajoutèrent sur la deuxième version en 1707, en 1763 et le 12 février 1789, soit quelques mois avant la Révolution qui mit naturellement un terme à l’usage de ce règlement.

L’Alsace s’était à peine remise de la Guerre des Paysans, que s’abattit sur elle, un siècle plus tard, l’épreuve la plus terrible de son histoire, la Guerre de Trente Ans. En juillet 1633, des unités lorraines traversèrent le comté pour aller aux secours de la ville de Haguenau qui était assiégée par les Suédois. Elles furent défaites près de Petersbach par un comte Palatin, CHRISTIAN duc de Birckenfeld, général de l’armée suédoise. Les années 1635 et 1636 furent deux années terribles de guerre. Des hordes sauvages, surtout des Croates, pillaient, brûlaient, détruisaient de nuit comme de jour les villages de la région. Les habitants se cachaient dans les bois. La maladie et la famine s’en mêlant. Même si le village n’était guère peuplé, on enregistra à Petersbach de 1637 à 1639 : 2 baptêmes, 3 mariages et 1 enterrement.

Petersbach ne comptait en 1662, soit une quinzaine d’années après la fin de la guerre, que 5 noms de familles d’immigrés. Quand des temps plus calmes furent revenus, des étrangers s’établirent dans la région ; des soldats las de la guerre, quelques Français, mais surtout des Suisses qui fuirent leur pays en 1653 suite à une révolte paysanne. A peine avait-on pansé les plaies de la Guerre de Trente Ans que s’abattit sur la région de 1674 à 1676 une terrible épidémie, la peste (Der schwarze Tod). Dans le registre paroissial de La Petite-Pierre sont notés 70 enterrements pour la seule année 1674 Rien que dans les cinq premiers mois de l’année 1676 décédèrent de cette maladie plus de 100 personnes, ce qui représentait un pourcentage élevé vu la faible population de l’époque. A Petersbach, on ne dénombra que 4 décès dans cette même période, ce qui laisse supposer que peu d’habitants résidaient au village.

Une prison à Petersbach

Lors d’une délibération du conseil municipal du 16 prairial an II (4 juin 1794), il est précisé qu’il n’y a pas de prison à Petersbach. On peut supposer que sa construction date de la période après 1804, car dans une autre réunion du le 8 brumaire an XII (31 octobre 1803) il est noté « Suite au décret du 17 vendémiaire, il doit circuler dans chaque commune une garde composée d’habitants civils du village. Comme il n’y pas de maison appropriée pour une salle de garde, la municipalité a décidé de confier cette tâche à la Garde Nationale et de mettre à disposition une petite salle faisant partie de l’école protestante du Mitteldorf. » Les premiers documents relatifs à la prison se rapportent à des travaux de maçonnerie et de serrurerie effectués en 1817. La brigade de gendarmerie composée de six hommes et autant de chevaux était logée à plusieurs endroits dans le village.

D’après les registres servant à l’inscription des prisonniers enfermés à Petersbach, on constate que des citoyens venant non seulement des cantons de La Pierre-Pierre et de Drulingen, mais de toute l’Alsace et de la Lorraine, y étaient incarcérés. Les détenus de longue peine ne faisaient que transiter par Petersbach pour être ensuite transférés dans des prisons plus grandes : Saverne, Haguenau, Metz, Ensisheim.

Les délits et condamnations étaient très divers :

  • Désertion de l’armée
  • Rébellion contre les agents forestiers dans l’exercice de leur fonction
  • Vol de cerises (6 mois de prison)
  • Vol de lard et vagabondage (6 mois de prison)
  • Vol de récolte dans les champs et contrebande de tabac (1 an de prison)
  • Recel d’objets volés (10 ans de travaux forcés)
  • Infanticide (travaux forcés à perpétuité)

Les conditions de détention étaient très mauvaises. Le bâtiment était malsain, exigu et très bas. Il n’existait qu’une pièce de 5 m² sans séparation pour les deux sexes. Le 1er juin 1826, neuf membres de deux familles, condamnés à un an d’emprisonnement pour vol et vagabondage, avaient passé la nuit dans cette cellule, avant d’être transférés le lendemain à Haguenau et Ensisheim.

L’émigration au 19e siècle

L’émigration, la plus connue auprès de la population actuelle, fut l’Amérique du Nord. Cet exode allait s’accélérer après 1815 pour des raisons économiques. Il concernait principalement les cadets de famille, les ouvriers agricoles, les valets de ferme, les petits paysans, tous attirés par la promesse de devenir propriétaires de terres agricoles. Il convient d’y ajouter quelques artisans et des jeunes poussés au départ pour éviter le service militaire de sept ans en cas de tirage d’un mauvais numéro. En 1817, année de misère et de disette, Petersbach ne fut pas épargné par cette migration. Des centaines d’habitants des trois cantons de Diemeringen, Drulingen et La Petite-Pierre émigrèrent en Pologne prussienne et en Amérique. Un rapport de l’architecte lors de la construction de l’école protestante de Petersbach en 1846, fait apparaître que pendant les 7 dernières années, de 1839 à 1846, 25 chefs de familles avaient quitté le village, emmenant avec eux 120 à 125 enfants dont une trentaine en âge de se marier. Ce qui représentait un total de 175 personnes.

Le quartier général du prince héritier de Prusse à Petersbach

L’armée allemande vainqueur de la bataille le 6 août 1870 dans le nord de l’Alsace était placée sous le haut commandement du prince héritier de Prusse, FREDERIC-GUILLAUME. Le 10 août, il rejoignit avec son état-major la place forte de La Petite-Pierre La place forte était déserte puisque la petite garnison composée d’une trentaine de soldats s’était enfuie le 9 août vers le fort de Phalsbourg.

 

De La Petite-Pierre, FREDERIC-GUILLAUME se rendit le même jour à Petersbach où il établit son quartier général pendant trois jours dans la maison d’habitation de Gustave ZIELINGER qui était déjà à l’époque une importante bâtisse et qui avait à l’arrière une écurie pouvant accueillir de nombreux chevaux. Sa présence en ces lieux est attestée par les dates 10-11-12 août gravées au-dessus d’une porte. Le 13 août le prince et ses hommes reprirent leur route vers la Lorraine.

Electrification du village

Lorsqu’en 1920, au lendemain de la Première Guerre Mondiale et à la fin du Reichsland, on introduisit en Alsace et en Moselle la législation française sur les distributions d’énergie électrique, 371 communes sur les 562 que comptait le département du Bas-Rhin étaient pourvues d’un réseau de distribution de courant électrique. Il restait donc encore 188 communes, dont Petersbach, à électrifier. Elles le seront toutes entre 1921 et 1930. Le courant qui était fourni en 1924 était de 125 volts pour l’éclairage et de 220 volts pour la force. Ce n’est qu’au milieu des années soixante-dix que la tension de service fut portée à 220/380 volts ce qui nécessita le rembobinage des moteurs et le changement des ampoules.

Il est évident que l’électrification apporta un changement notoire dans la vie du village. Un progrès considérable avait été réalisé, pour la vie familiale avec l’éclairage qui se faisait auparavant avec des bougies ou des lampes à pétrole, mais surtout dans le domaine professionnel. En agriculture quarante-trois exploitations étaient dotées d’une installation électrique avec force en 1933, douze d’entre elles disposaient déjà du fameux heuablader (système à fourches permettant le déchargement du foin dans les granges) ce qui constituait à l’époque une très nette avancée. Dans les carrières de grès et chez les artisans, les machines   électriques firent peu à peu leur apparition, rendant le travail moins pénible. Les rues, à présent éclairées, offraient plus de sécurité pour les passants.

La Deuxième Guerre Mondiale

L’ensemble de notre village fut fort heureusement épargné pendant la guerre au moment de la libération, qui a été faite en douceur par les troupes françaises de la 2e Division Blindée du Général LECLERC, ce qui ne fut pas le cas des troupes américaines qui, elles, n’hésitaient pas à tirer à l’arme lourde et à détruire des maisons, sans nécessité absolue.

Si Petersbach n’eut à déplorer aucune victime civile, 21 enfants de la commune par contre, incorporés de force dans l’armée allemande, (les Malgré-Nous) ne revirent pas leur terre natale.

Création d’un Syndicat Intercommunal d’adduction d’eau

Quand le haut du village s’est développé au 17e siècle il n’y avait pas de possibilité de construire une fontaine communale. On puisait l’eau dans les puits, surtout pour un usage familial. En 1940 on en dénombrait 99 à travers le village. Par temps de sécheresse la plus grande partie de ces puits était tarie. L’eau était en général de mauvaise qualité.

Si l’eau courante coula à Petersbach pour la première fois le jeudi de Pâques en 1949, les premières discussions concernant l’implantation d’un réseau d’eau potable datent de 1929. C’est-à-dire vingt ans de tergiversations, réunions, sondages, et pour finir la Deuxième Guerre Mondiale, avec un écueil très important dans l’avancement du projet : son financement. Malgré de maigres ressources disponibles et dans l’espoir d’un déblocage de subventions de l’Etat, ce programme représentait le plus grand investissement jamais réalisé à ce jour dans les villages concernés.

La vie économique

La vie économique était axée sur l’agriculture. Chaque foyer assurait un train de culture. Mais les exploitations étaient de moindre importance et ne suffisaient pas à subvenir aux besoins de la famille. Il fallait une activité annexe : bûcherons, tailleurs de pierre, etc... Ce furent les ouvriers-paysans. La population agricole diminua inexorablement car les jeunes ne voulaient plus travailler cette terre qui ne suffisait plus à les nourrir. Même la mécanisation qui était en marche n’empêcha pas cette désaffection. D’autant plus que les moyens de locomotion, pour rejoindre un lieu de travail à l’extérieur de la commune étaient en constante augmentation. En 1957 on comptabilisait à travers le village : 35 mobylettes, 55 motos, 11 scooters, 24 autos de tourisme et 23 autos commerciales. Pour revaloriser et améliorer l’activité agricole, la commune fit effectuer entre 1990 et 1994 un remembrement du ban communal.

L’implantation de l’usine Okal en 1967 modifia le contexte économique de la commune. Pendant une quinzaine d’années de nombreux habitants trouvèrent du travail à proximité de leur domicile. C’était aussi une source de revenus très importante pour la commune. Dans la foulée de la construction de cette entreprise, la commune allait créer en 1969 un lotissement au lieu-dit Pochum. Les 28 emplacements furent tous vendus entre 1969 et 1978. Un autre mini-lotissement de six lots fut créé en 1991 aux Knoblauchsmatten. L’arrêt des activités de l’usine OKAL en 1984 aurait pu avoir des consé­quences dramatiques, aussi bien pour la situation de l’emploi que pour les ressources financières de la commune. Heureusement les Grands Chais de France s’y établirent la même année redonnant espoir à toute une région.

L’équipement communal s’accéléra durant le dernier quart de siècle. Le 22 juillet 1979, on inaugura le nouveau stade de football situé au cœur du village. Souhaitée ardemment depuis de longues années par l’ensemble des associations, la construction d’une salle polyvalente fut enfin concrétisée en 1988. Cet ensemble fonctionnel est équipé d’une salle de 600 m² et de locaux annexes dont des vestiaires implantés au sous-sol. En 1991 la municipalité transforma les anciens garages de l’usine OKAL en un atelier relais. Le 15 octobre 1994 fut inauguré le nouveau centre de secours. Ces nouveaux bâtiments ont une surface utile de 780 m² répartis sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée de ce même bâtiment a été intégré un atelier municipal de 160 m². Deux logements de 82 m² et 98 m² furent également aménagés au deuxième étage. L’infrastructure communale fut complétée dès la première année de ce troisième millénaire par la construction d’une médiathèque. La commune avait hérité pour le franc symbolique en 1990, des dépendances jouxtant le restaurant à l’Agneau et comprenant une grange et des écuries. Elle décida en 2000 de transformer ce bâtiment en bibliothèque-médiathèque. A l’étage fut aménagée une salle socio-éducative pour la Société de musique harmonie. Saisissant l’opportunité de la mise en vente de la maison n°4, rue Principale, contiguë aux logements des enseignants, le conseil municipal donna le 25 juin 2001 son accord pour l’acquisition de cette habitation.